Les syncytiums
Les eucaryotes sont des généticiens. Grâce à leurs mitochondries, ce sont les meilleurs recycleurs d’O2. Mais il leur faut beaucoup de nutriments. Et un climat favorable à leur épanouissement. De même, il faut une coordination entre eucaryotes. Et cela afin que tous déploient la même magie. Une magie faite de coordinations génétiques. De même, pour que cette coordination ait lieu, il faut une proximité définitive entre eucaryotes. Ainsi la magie peut commencer : la symbiose ! La symbiose entre les eucaryotes eux-mêmes.
Car voici la chimie des eucaryotes : « l’union fait la force ! » C’est cette magie qui fait des eucaryotes une espèce évoluée. Une magie génétique qui ouvre de nombreux horizons.
Les protistes ne sont que des brutes épaisses. Ce sont des microprédateurs. Parmi eux, il y a les acritarches. Ils sont une association de protistes. Et ils s’attaquent aussi aux eucaryotes. C’est leur plat préféré à tous ! Mais il y a pire : les syncytiums ! Ce sont des cellules géantes à plusieurs noyaux. Les ADN de ces nombreux noyaux synthétisent toutes les protéines. De nombreuses protéines afin d’entretenir une forme aussi large que possible.
Leur histoire provient d’un incident : une division cellulaire ratée ! En effet, un protiste va diviser son noyau, mais pas son corps. Ainsi il va se retrouver avec deux ADN viables dans la même cellule. Ceux-ci vont servir de modèle pour la synthèse de protéines.
Mais comme il y a 2 modèles, les protéines sont produites 2 fois. Ce qui nécessite un agrandissement conséquent du cytoplasme.
Cette nouvelle taille donne un avantage sérieux dans l’art de la prédation. La sélection naturelle va alors encourager ce système plurinucléaire. Et ceux qui étaient au départ de simples protistes, vont devenir les nouveaux superprédateurs de l’époque !
Toutefois, le syncytium a un problème : il évolue difficilement ! En effet, toute mutation dans ses gènes est passagère. Car les nombreux noyaux peuvent compenser une mutation. Ainsi le brin qui a muté est ignoré et facilement remplacé par un autre. Un autre brin parfaitement identique aux autres brins d’ADN. Ainsi l’apparition d’une mutation n’a que peu d’effet sur le syncytium. Ainsi il évolue si lentement qu’on s’ennuie pendant 1 milliard d’années.
Chez l’être pluricellulaire, c’est différent : ses gènes sont uniques. Ainsi chaque cellule n’a que son unique noyau avec un ADN commun. Si l’ADN mute, la cellule doit apprendre à se débrouiller avec ou mourir. Ainsi si la cellule survit à sa mutation, celle-ci est enregistrée dans les gènes. Et comme tous les gènes d’un métazoaire sont coordonnés, tous mutent. Ainsi à partir d’une cellule qui vit ou meurt, c’est l’ensemble qui s’adapte. Mais la cellule en elle-même n’est pas indispensable, l’ensemble lui survit.
En bref, le métazoaire a une capacité d’évolution stupéfiante ! Et il est le seul à avoir un tel pouvoir d’adaptation, c’est sa caractéristique. Mais pour évoluer, il lui faut du temps, ce que la prédation empêche. Toutefois, grâce à leurs symbioses, les eucaryotes parviennent à survivre. Ils survivent en se multipliant sans cesse dans des colonies ou des grappes. Mais dans cet environnement meurtrier, ils doivent constamment fuir. Alors ils s’organisent d’instinct en groupes coloniaux qui se font attaquer. Ces groupes sont de deux types : les colonies (2D) et les grappes (3D). Et comme du bétail, ces groupes entretiennent les prédateurs !
Durant cette période, ce fut le déclin des eucaryotes. Car les syncytiums sont de puissants prédateurs. De puissants prédateurs qui empêchent les groupes. Les groupes coloniaux d’eucaryotes de s’établir. Puisque ces prédateurs sont partout ! De même, protistes et acritarches sont tout aussi redoutables. Et ils s’attaquent joyeusement aux cellules isolées. Ainsi traqué de partout, l’eucaryote est devenu une base alimentaire ! Il ne peut se réfugier nulle part et ainsi développer des niches.
Ainsi les eucaryotes subissent une prédation continue et mortelle. Avec des blobs pour attaquer les colonies. Ou avec d’autres syncytiums pour avaler les grappes. Ainsi leur potentiel à s’unir ne fut pas utilisé. Car pour créer une vie pluricellulaire, certaines conditions doivent être réunies ! Ce que les protistes empêchent par prédation. En effet, les eucaryotes ont besoins de temps pour évoluer. Car ils ont besoins de temps pour harmoniser leurs gènes. Et ainsi passer à l’étape suivante de l’évolution : les multicellulaires.
Ainsi constituer un métazoaire (multicellulaire) demande une évolution. Et une évolution est toujours très longue, elle demande un temps géologique. Alors que constituer un syncytium est relativement simple : un incident. Ainsi la voie de la facilité demanda moins de temps que la complexité. Ainsi c’est elle qui apporta les premiers résultats : une plus grande taille ! Et avec ce résultat, le règne des syncytiums débuta !
« Je sais pourquoi tant de gens aiment couper du bois. C'est une activité où l'on voit tout de suite le résultat. » Albert Einstein
Il débuta en trombe avec une prédation féroce. Ainsi ils s’attaquèrent aux premiers groupes rencontrés. Ceux-ci durent se défendre contre de tels monstres. Comme les acritarches, ils créèrent toutes sortes de défenses. Toutefois, ces protistes unis ne font que s’associer, pas symbioser. De toute façon, ils ne font pas le poids face aux syncytiums. Les moins forts se réfugient dans des colonies.
Hélas, les syncytiums s’adaptent et voici apparaître le blob. Celui-ci se déplace vers ses proies favorites : les colonies ! Mais certaines colonies apprennent à se déplacer pour fuir. Elles se regroupent en grappes qui se détachent des roches marines. Et en suivant les courants, ces grappes s’enfuient loin des prédateurs. Mais voici que les syncytiums s’adaptent à leur tour et les suivent ! Ainsi ils développent des formes étranges offrant une certaine mobilité.
Ainsi dans la grande guerre pour la taille, le plurinucléaire l’emporte. Ainsi dans la grande guerre de la prédation, le protiste ferme la porte. Mais celle-ci s’ouvrent aux eucaryotes, des experts en symbioses. Avec le temps, ceux-ci amélioreront la taille jusqu’à l’overdose ! Cependant, pour qu’ils puissent se développer, les protistes doivent d’abord tous disparaître ! À commencer par les redoutables syncytiums. Comme les dinosaures autrefois, afin que les mammifères puissent prospérer. Cependant, ils vont régner longtemps. Ils vont régner entre 2,1 et 0,7 milliards d’années. Ils vont régner pendant plus d’1 milliard d’années. Ils vont régner pendant le « Milliard Ennuyeux », empêchant les eucaryotes de s’assembler.
Ainsi pour voir le règne des eucaryotes, il faut d’abord éliminer le règne des protistes ! Ainsi il faudra attendre une terre qui leur soit hostile. Ainsi il faudra attendre la fin d’une « Terre boule de neige ». Ainsi il faudra attendre une rapide fonte de glace mondiale.
Celle-ci va éliminer le règne des syncytiums. Avant de tout recommencer avec un nouveau règne. Ce nouveau règne : le règne des eucaryotes ! Et avec celui-ci vient leur prospérité. Avec leur prospérité, les métazoaires apparaissent !